Historique et valeur des tests d’Intelligence Émotionnelle

26/09/2018

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Les origines théoriques de l’intelligence émotionnelle (IE) remontent au début du XXe siècle, où l’on parlait alors d’ « intelligence sociale » qui était décrite comme la capacité à « comprendre et agir sagement avec les autres » (Thorndike, 1920). Le terme doit pourtant sa grande popularité à Goleman (2000). Cet article retrace l'histoire de l'IE.

Comme pour l’intelligence générale, il n’existe pas de consensus sur la définition exacte de l’IE. Les principales théories s’accordent toutefois sur le fait que l’intelligence émotionnelle correspond à la capacité à reconnaître et réguler ses émotions et celles des autres (Cherniss & Goleman, 2001). L’une des distinctions majeures existant entre les différentes théories de l’IE réside en fait dans la conceptualisation du terme en lui-même. Les modèles basés sur les aptitudes restent fidèles à cette définition stricte, et considèrent que l’IE repose sur un ensemble spécifique de concepts nécessaires à la reconnaissance efficace et au contrôle des émotions. Les modèles basés sur les traits de personnalité, d’un autre côté, font une acception plus large de l’IE, en tant que mot-valise incluant des concepts faiblement voire aucunement liés à l’intelligence cognitive (Joseph & Newman, 2010), ou comme assortiment de capacités intellectuelles, de traits de personnalité et d’affects (Petrides & Furnham, 2001).

Un nombre croissant de recherches soulignent l’importance de l’intelligence émotionnelle dans différents aspects de la vie. Entre 2007 et 2012, presque trois fois plus d’articles académiques ont été publiés sur ce sujet qu’entre 1995 et 2000 (Schutte, Malouff & Thorsteinsson, 2013). De nombreuses études suggèrent que l’IE est importante pour la réussite professionnelle. Une méta-analyse de Schlaerth, Ensari et Christian (2013) basée sur 20 études impliquant 5175 participants établit une corrélation positive entre IE et une gestion des conflits constructive. Une autre méta-analyse basée sur un échantillon de 5795 sujets montre que l’IE est un bon prédicteur de la performance au travail (O’Boyle et al., 2011). On a également démontré que l’IE était associée à la santé physique et mentale. Une méta-analyse de Martins, Ramalho et Morin (2015) examinant les données de 19.815 participants indique que l’IE est un prédicteur stable et satisfaisant de santé mentale et physique. De la même manière, la métaanalyse de Schutte, Malouff, Thorsteinsson, Bhullar et Rooke (2007) comprenant 7898 participants, montre que l’IE est un facteur important pour le sport et les relations sociales. On a démontré une corrélation positive entre les performances d’équipes de cricket et leurs scores d’IE (Crombie, Lombard & Noakes, 2009). La méta-analyse de Malouff, Schutte et Thorsteinsson (2014) montre une relation significative entre IE et satisfaction amoureuse.

Le modèle basé sur les aptitudes de Salovey et Mayer (1990) est l’une des premières théories de l’IE. Salovey et Mayer (1990) ont identifié l’IE comme « la capacité à contrôler ses propres sentiments et émotions et ceux des autres, à les discriminer entre eux, et à utiliser cette information pour guider sa pensée et ses actions » (p.189). Les auteurs se sont inspirés de découvertes issues de différents domaines scientifiques (par exemple, l’évolution biologique, les sciences informatiques, et la psychologie), qui comprenaient l’identification et la compréhension d’émotions, pour créer leur Modèle de l’IE à Quatre Branches. Voici les quatre dimensions sous-jacentes conceptualisées par Salovey et Mayer (1997) : la perception des émotions est la capacité à lire avec précision les émotions des autres (tristesse, colère, joie, etc.) à partir de leurs expressions faciales, leur voix ou leur langage corporel, une base essentielle de la communication sociale, et de processus émotionnels plus sophistiqués. L’utilisation des émotions correspond à la capacité à exploiter le pouvoir de celles-ci pour aider la cognition. La créativité et la manifestation d’informations traitées de façon inconsciente sous forme d’intuitions, sont des exemples de cognition guidée par l’affect. La capacité à comprendre les émotions est basée sur la perception de celles-ci et sur le lien fait avec leurs manifestations comportementales. Elle correspond à l’analyse et la compréhension des motivations émotionnelles dans les actions. La gestion des émotions est la capacité à réguler ses propres émotions et celles des autres, dans le but d’atteindre certains objectifs sociaux ou personnels. Il existe différents instruments pour évaluer l’IE dans le cadre du Modèle à Quatre Branches, le plus récent étant le Test d’Intelligence Émotionnelle de Mayer-SaloveyCaruso, ou MSCEIT (Mayer, Salovey, Caruso, 2002).

Mayer et Salovey (1997) considèrent l’intelligence émotionnelle comme une aptitude, faisant partie de l’intelligence sociale. Leur modèle ne doute pas de l’importance des traits de personnalité dans les interactions sociales, mais il les dissocie dans le but de maintenir la clarté et la cohésion du modèle. D’autres théories, comme le modèle de l’Intelligence SocioEmotionnelle (ISE) de Bar-On (Bar-On & Handley, 2003), et le modèle Goleman (Goleman, 1998), ont élargi le champ d’investigation pour inclure des composantes ne se rapportant pas directement aux compétences cognitives. 

Le modèle ISE fait une acception plus large de l’IE que Mayer et Salovey (1997), et le conceptualise comme « un éventail d’aptitudes, de compétences et de talents noncognitifs, qui influencent la capacité à faire face aux pressions et exigences environnementales ». Ce modèle comprend 15 aptitudes, compétences et facilitateurs sociaux et émotionnels interdépendants, catégorisés en 5 domaines :

1) Compétences intrapersonnelles (capacité à être conscient de soi et à s’exprimer, comprenant la Considération pour soi, la Conscience de ses émotions, l’Assertivité, l’Indépendance et la Réalisation de soi) ;

2) Compétences interpersonnelles (capacité à être conscient des autres et gérer habilement les relations interpersonnelles, comprenant l’Empathie, la Responsabilité Sociale, et les Relations Interpersonnelles) ;

3) Gestion du stress (régulation et gestion des émotions comprenant la Tolérance au Stress, et le Contrôle de l’Impulsion) ;

4) Adaptabilité (gestion du changement, comprenant Épreuve de la Réalité, Flexibilité, et Résolution de Problèmes) ; 

5) et enfin Humeur Générale (concernant la motivation et comprenant l’Optimisme, et la Joie de Vivre).

L’ISE est mesurée par l’Inventaire de Quotient Emotionnel (Bar-On, 1997).

Les Q-Profil© développés avec la technologie Qwesta adopte une approche par traits, similaire à celle de l’ISE. L’importance d’avoir des tests d’IE pratiques et informatifs pour le monde de l’entreprise est l’une des raisons qui expliquent ce choix. Par exemple, les traits sélectionnés pour les  sont tous applicables au monde du travail et permettront aux employeurs d’acquérir une bonne compréhension de l’intelligence émotionnelle de leurs employés, de la façon dont ils travaillent et de comment ils interagissent les uns avec les autres. Par ailleurs, la méta-analyse de Martins et al. (2010) a montré que lorsque l’intelligence émotionnelle était mesurée comme un trait, elle était davantage corrélée à la santé que lorsqu’elle était mesurée comme une aptitude.


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