Comment fixer les préavis ?

05/08/2015

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Le préavis est un délai de prévenance que l'employeur ou le collaborateur doivent respecter lorsqu'ils souhaitent de leur propre décision mettre un terme au contrat de travail qui les lie (on parle de « décision unilatérale »). Nous le rencontrerons donc dans les cas de démission ou de licenciement. L'intérêt de ce mécanisme réside dans le fait qu'il permet à chacune des parties, et particulièrement à celle qui subit la rupture, de disposer d'un délai pour s'adapter et prendre ses dispositions avant la rupture effective du contrat.

Vous trouverez ci-après le schéma récapitulatif des conditions et de la durée du préavis.

Conseils en management

Le préavis est entouré d'une procédure qui ne laisse pas beaucoup de place à un acte managérial particulier.

Pour autant, il est toujours profitable à cette occasion de mener un entretien avec le collaborateur autour de la réalisation ou non du préavis. Or, cette décision a tout intérêt à être négociée.

À quoi sert le préavis côté employeur ? Il peut servir à préparer le recrutement et l'arrivée du successeur. C'est pourquoi il est recommandé d'orienter la discussion avec le collaborateur sur cet aspect : est-il prêt à aider dans la préparation de l'arrivée de son successeur ? Cette aide peut consister au minimum à établir une synthèse des travaux en cours et des urgences, notamment avec vous-même. Elle peut également porter sur l'achèvement concret de certains travaux. Au maximum, elle peut consister pour le collaborateur partant à participer au recrutement de son successeur. Cependant, il faut pour ce faire qu'il soit dans des dispositions acceptables, et non pas en conflit avec vous-même et/ou l'entreprise, au risque d'un impact négatif de son action.

Que le préavis soit exécuté ou non exécuté, il est nécessaire d'en avertir l'équipe.

Démissions

En principe, un collaborateur qui démissionne a l'obligation d'accomplir un préavis et ce, dès que l'entreprise reçoit (par écrit ou verbalement) la démission, sauf à ce que la lettre de démission diffère postérieurement son point de départ.

La durée du préavis de démission résulte :

  • soit de la loi (ex. : pour les journalistes) ;

  • soit de la convention collective ;

  • soit, à défaut, des usages pratiqués dans la localité ou dans la profession.

Le préavis de démission ne peut pas résulter du seul contrat de travail.

Bon à savoir

Le préavis est décompté à partir de la date de réception de la démission.

Ainsi, si l'intéressé démissionne le 19 mai et si son préavis est de 2 mois, il finira de travailler le 18 juillet au soir.

Dispense de tout ou partie

Dans le cas de la rupture du contrat de travail, quels qu'en soient le motif ou l'origine, l'employeur peut accorder au collaborateur une dispense de préavis.

Tout d'abord, vous pouvez être à l'initiative de la demande de dispense de tout ou partie d'exécution du prévis. Dans ce cas, la dispense s'impose au collaborateur. Par conséquent, vous devrez lui verser l'indemnité compensatrice de préavis qui est au moins égale au salaire qu'il aurait perçu en travaillant pendant la même période. La dispense du préavis à votre initiative n'avance pas la date à laquelle le contrat prend fin.

Points de vigilance

Le collaborateur dispensé de préavis par l'entreprise bénéficie du salaire et des avantages (voiture, ordinateur, RTT, indemnités de congés payés, etc.) qu'il aurait perçus s'il avait accompli son travail jusqu'à l'expiration du préavis, et a droit à une indemnité compensatrice de préavis.

À l'inverse, si votre collaborateur vous demande à ne pas effectuer son préavis (ou en partie), alors vous avez le choix d'accepter ou de refuser. Si vous acceptez, vous n'avez pas à lui verser l'indemnité compensatrice de préavis pour la période non effectuée. Pour cela, il est important que sa demande soit faite par écrit.

Par conséquent, le contrat prend fin à la date convenue ensemble. Concernant les allocations chômage (cas de démission pour suivre son conjoint, de licenciement autre que la faute lourde), le collaborateur qui renonce volontairement au revenu qu'il aurait dû percevoir pendant cette période, ne peut pas prétendre au versement des allocations Pôle emploi entre la date de fin de contrat de travail et la date de la fin théorique de son préavis.

Bon à savoir

Vous avez licencié votre collaborateur car il a refusé sa mutation géographique alors que son contrat de travail comportait une clause de mobilité. Par conséquent, vous pouvez imposer le lieu d'exécution du préavis qui se fera à la nouvelle adresse. Le collaborateur sera le responsable de l'inexécution du préavis sur ce nouveau lieu et, par conséquent, vous pourrez le priver de l'indemnité compensatrice de préavis.

Certains cas de démission valident automatiquement la dispense d'effectuer le préavis pour le collaborateur (sans demander l'accord de l'entreprise) :

  • pour les femmes enceintes ;

  • pour les personnes souhaitant élever leur enfant à l'issue de leur congé maternité ou d'adoption ;

Bon à savoir

Dans le cas d'une femme en congé maternité, elle doit vous informer de sa volonté de démissionner pour élever son enfant, par lettre recommandée avec accusé de réception, au moins 15 jours avant l'expiration de son congé maternité ou d'adoption. Ce délai ne peut pas être prolongé ou reporté du fait de la prise de congés payés à l'issue du congé maternité ou d'un arrêt maladie.

Le père dispose de la même possibilité, puisqu'il peut démissionner sans préavis dans les 2 mois qui suivent la naissance ou l'arrivée de l'enfant adopté, à condition de respecter également un délai de prévenance de 15 jours.

Ne considérez pas qu'une collaboratrice qui n'a pas repris son travail à l'issue de son congé maternité soit démissionnaire. La démission ne se présume pas.

  • pour les collaborateurs en congé pour création d'entreprise qui désirent démissionner à l'issue de leur congé ;

  • pour les journalistes qui font jouer leur clause de conscience ;

  • dans tous les cas expressément autorisés par la convention collective.

Si le collaborateur est dans l'impossibilité d'exécuter son préavis (pour cause de maladie, d'inaptitude, d'incarcération...), vous n'êtes pas tenu de lui verser l'indemnité compensatrice, sauf si le motif à l'origine de cette impossibilité lui est imputable (par exemple, en cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle).

Point de vigilance

Un collaborateur reconnu inapte suite à une maladie d'origine professionnelle, bien qu'il ne soit pas en mesure d'effectuer son préavis, doit bénéficier d'une indemnité compensatrice d'un montant égal à l'indemnité légale de préavis due en cas de licenciement. Il ne peut pas dans ce cas bénéficier d'une indemnité compensatrice de préavis prévue par la convention collective, même d'un montant supérieur.

Par ailleurs, certaines conventions collectives autorisent le collaborateur licencié pour motif économique individuel ou collectif, à interrompre le cours de son préavis s'il a retrouvé un emploi.

Faute du collaborateur pendant le préavis

Si un collaborateur démissionne et commet une faute grave pendant son préavis, son employeur peut le licencier immédiatement. Le préavis est alors interrompu et aucune indemnité n'est due pour la partie du préavis restant à courir.

Si un collaborateur est licencié pour motif économique ou pour motif personnel et commet une faute grave pendant son préavis, son employeur peut interrompre cette période. Dans ce cas, le préavis restant à courir ne sera pas payé. Toutefois, les indemnités de licenciement lui resteront acquises.

Si le collaborateur a commis une faute lourde pendant son préavis, l'employeur doit quand même lui payer ses congés payés, alors qu'il n'aurait pas à le faire si le licenciement lui-même était fondé sur une faute lourde.

Une faute simple ne peut pas justifier la rupture immédiate du préavis.

Si le collaborateur commet une faute grave ou une faute lourde pendant le préavis, l'employeur n'est pas tenu de suivre à nouveau la procédure de licenciement pour mettre fin à ce dernier. En effet, le motif initial de rupture du contrat de travail persiste.

Afin d'éviter tout litige éventuel, il est conseillé de convoquer le collaborateur à un entretien et de lui notifier par écrit la « rupture de son préavis pour faute grave », par exemple. Comme en matière disciplinaire ou de licenciement, la faite par courrier recommandé avec accusé de réception.

L'employeur qui a eu connaissance de faute(s) grave(s) ou lourde(s), commise(s) avant le licenciement, peut mettre un terme à l'exécution du préavis.

Toutefois, il ne pourra en aucun cas priver le collaborateur de l'indemnité de licenciement. En effet, ce droit a été déterminé avant que la faute n'ait été découverte.

Heures pour rechercher un emploi

Tout au long de la durée du préavis, l'entreprise doit permettre au collaborateur de s'absenter pour rechercher un nouvel emploi si cette disposition est prévue soit par les usages professionnels, soit par votre convention collective.

En pratique, les conventions collectives accordent généralement 2 heures par jour aux collaborateurs à temps plein, en préavis. Par conséquent, vous êtes tenu de rémunérer ces heures d'absence. Cependant, certaines conventions collectives réservent cette obligation au cas où vous êtes à l'origine de la rupture (licenciement).

Les collaborateurs à temps partiel doivent bénéficier du même nombre d'heures que les collaborateurs à temps plein, sauf si la convention collective prévoit une réduction proportionnelle.

Le collaborateur peut demander à fixer lui-même les heures pour recherche d'emploi. Cette faculté ne lui revient pas de droit : il lui faut l'accord de son employeur, sauf en cas de licenciement économique collectif. En cas de désaccord entre les parties, les conventions collectives admettent souvent que le blocage des heures pour recherche d'emploi soit fixé alternativement par l'employeur et par le collaborateur.

Vous ne pourrez pas refuser d'accorder ces heures, à moins que vous puissiez démontrer qu'elles sont inutiles au collaborateur (ex. : il a déjà retrouvé un nouvel emploi).

Vous n'êtes pas tenu de payer les heures non utilisées par le collaborateur, même en cas de maladie. En revanche, vous devrez indemniser le collaborateur si vous l'empêchez d'utiliser les heures qui lui sont normalement accordées.

Licenciement

Lorsque le licenciement n'est pas motivé par une faute grave ou lourde, alors votre collaborateur devra effectuer son préavis.

Bon à savoir

Le préavis commence le jour de la première présentation de la lettre recommandée notifiant le licenciement.

La durée du préavis de licenciement varie en fonction de l'ancienneté du collaborateur. Elle est au minimum de :

  • pas de préavis pour une ancienneté inférieure à 6 mois. Cependant, votre convention collective ou accord collectif, ou à défaut les usages pratiqués dans l'entreprise, la localité ou la profession peuvent prévoir une durée ;

  • 1 mois en cas d'ancienneté comprise entre 6 mois et moins de 2 ans ;

  • 2 mois en cas d'ancienneté de 2 ans ou plus.

Toutefois, les dispositions des 2 derniers points ne sont applicables que si la convention ou l'accord collectif de travail, le contrat de travail ou les usages ne prévoient pas un préavis ou une condition d'ancienneté de services plus favorable pour votre collaborateur (soit la plus longue).

La durée du préavis est doublée pour les travailleurs handicapés, sans toutefois porter la durée du préavis au-delà de 3 mois (sauf disposition conventionnelle ou, à défaut, usage plus favorable). Si le travailleur handicapé n'effectue pas son préavis, par conséquent, il reçoit une indemnité compensatrice de préavis 2 fois plus élevée que l'indemnité compensatrice de préavis de droit commun.

Bon à savoir

Le fait qu'un collaborateur n'ait pas fourni d'informations sur son état de santé ou son handicap avant la notification de son licenciement ne vous permet pas de refuser l'octroi d'indemnités spécifiquement dues au collaborateur handicapé.

Obligations de l'entreprise

Pendant toute la durée du préavis, l'employeur est contraint de maintenir les mêmes conditions de travail que celles qu'il s'était fixées lors de la conclusion du contrat. Et ce, quelle que soit l'origine de la rupture du contrat de travail (licenciement, démission, cas de force majeure, etc.).

Il doit notamment fournir à son collaborateur le travail convenu. Ainsi, vous ne sauriez imposer au collaborateur de :

  • faire acte de présence sans lui fournir de travail ;

  • modifier ses tâches en lui imposant d'effectuer un travail au-dessous de ses fonctions ;

  • lui changer son lieu de travail ;

  • l'astreindre à un horaire très différent de celui qu'il avait précédemment.

Vous êtes tenu de fournir la prestation de travail même en cas de fermeture de l'entreprise. Dans le cas contraire, vous devrez verser au collaborateur l'indemnité de préavis correspondante.

Durant le préavis, le collaborateur continue à bénéficier des garanties sociales liées à son contrat de travail. L'entreprise doit verser le salaire habituel ainsi que toute augmentation du salaire mensuel lorsque celle-ci a été allouée à l'ensemble du personnel.

Dans le cas où l'entreprise ne remplirait pas ses obligations, le collaborateur est en droit de refuser d'effectuer (ou de continuer à effectuer) son préavis. Par conséquent, vous devrez alors verser au collaborateur l'indemnité compensatrice de préavis.

Vous n'avez pas le droit de revenir sur des avantages dont bénéficiait le collaborateur.

De même, vous ne devez pas faire subir au collaborateur des conditions vexatoires lors de l'exécution de sa prestation de travail.

Obligations du collaborateur

Pendant le préavis, le contrat de travail se poursuit exactement aux mêmes conditions.

Le collaborateur continue de travailler dans l'entreprise, d'accomplir ses tâches habituelles dans les conditions de travail habituelles, et de percevoir sa rémunération (salaire, primes éventuelles...).

Si le collaborateur ne respecte pas son préavis et qu'il quitte brusquement l'entreprise, vous pouvez demander réparation du préjudice devant le conseil des prud'hommes. Le collaborateur pourra alors être condamné à vous verser une indemnité égale aux salaires correspondant à la durée du préavis restant et des dommages et intérêts pour rupture brutale. Ceux-ci doivent normalement couvrir le préjudice lié à la désorganisation causée au sein de votre entreprise et aux difficultés de recruter un remplaçant.

Report, suspension ou prolongation

Point de vigilance

Le préavis ne peut pas être reporté ou suspendu, sauf prise de congés payés, accident du travail, maladie professionnelle ou disposition conventionnelle le prévoyant.

Vous pouvez également vous entendre avec le collaborateur pour ne pas reporter ou suspendre le préavis, cependant votre collaborateur devra vous formuler clairement par écrit sa demande de ne pas prolonger son préavis.

À l'inverse, le préavis n'est pas reporté si le collaborateur était en arrêt de travail pour maladie :

  • au moment de sa démission ;

  • au cours de son préavis.

Bon à savoir

Il est possible, si votre convention collective le prévoit, de prolonger le préavis en cas de licenciement pour motif économique. Cependant, soyez vigilent à respecter le formalisme, à savoir que la prolongation du préavis doit faire l'objet d'un accord clairement exprimé entre les deux parties. Faute de quoi la poursuite de la relation de travail au terme du préavis équivaut à la conclusion d'un second contrat de travail.

Retraite

Lorsqu'un collaborateur prend l'initiative de partir à la retraite, il doit en avertir son employeur et respecter un préavis équivalent à celui prévu en cas de licenciement.

Bon à savoir

La décision du collaborateur de rompre son contrat de travail pour bénéficier de sa retraite doit relever d'une volonté claire et non équivoque.

Également, en cas de mise à la retraite du collaborateur par l'entreprise, il doit être respecté un préavis dont la durée légale est égale à 1 mois si le collaborateur a une ancienneté dans l'entreprise comprise entre 6 mois et moins de 2 ans, et de 2 mois pour une ancienneté plus longue. La convention collective applicable dans l'entreprise peut prévoir un préavis plus favorable.

Textes de références

Cass. soc., 13 juillet 2004, n° 02-14.140

Cass. soc., 28 janvier 2005, n° 03-47.403

Cass. soc., 21 juin 2006, n° 04-46.679

Cass. soc., 25 mars 2009, n° 06-45.761

Cass. soc., 8 avril 2009, n° 07-44.068

Cass. soc., 17 mars 2010, n° 08-44.512

Cass. soc., 8 avril 2009, n° 07-44.068

Cass. soc., 17 novembre 2011, n° 09-71.340

Cass. soc., 11 juillet 2012, n° 11-15649

Cass. soc., 25 septembre 2013, n° 11-20.948

Cass. soc., 31 mars 2016, n° 14-19.711 (l'indemnité compensatrice de préavis n'est pas due si le collaborateur n'exécute pas son préavis à la nouvelle adresse, en cas de licenciement pour refus d'application d'une clause de mobilité)

Cass. soc., 31 janvier 2006, n° 04-43.141

Cass. soc., 26 juin 2008, n° 07-15.478

Cass. soc., 7 novembre 2006, n° 05-41.380

Cass. soc., 28 mars 2000, n° 98-40.216

Cass. soc., 7 novembre 2006, n° 05-42.323

Cass. soc., 15 mai 2012, n° 10-26.811


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