Comment former ses salariés dans le cadre d'un plan de formation ?

16/02/2017

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L'élaboration du plan de formation est assurée sous la responsabilité pleine et entière du chef d'entreprise, après consultation des représentants du personnel. Qu'il soit annuel ou pluriannuel, ce plan doit permettre à l'employeur, après qu'il a étudié les besoins actuels et futurs de son entreprise en matière de compétences, de mettre en place une véritable stratégie de formation.

Ce plan détermine donc les formations qui doivent être dispensées aux salariés et qui permettront de contribuer à la réalisation des projets de l'entreprise mais également d'assurer une adaptation des salariés à l'évolution de leur emploi. Pour autant, les choix dans les actions de formation ne sont pas totalement libres.

Quelle est la situation du salarié pendant la formation ?

Le salarié est sous l'autorité de l'employeur. Lorsqu'un employeur envoie un salarié en formation, cela ne provoque :

  • ni modification du contrat de travail ;
  • ni atténuation des effets du contrat de travail dont le lien de subordination et le pouvoir de direction.

Le salarié reste donc subordonné à l'employeur.

Le salarié qui est en formation continue d'exécuter le contrat de travail et doit donc continuer à respecter :

  • toutes les obligations prévues par ce contrat ;
  • tous ses devoirs de salarié vis-à-vis de son employeur.

L'employeur peut donc, sauf abus, interrompre la participation d'un salarié à un stage de formation s'il juge le salarié incapable de bien le suivre.

Quand la formation des salariés se déroule dans un organisme de formation, ils sont soumis aux règles de fonctionnement et de discipline de cet organisme. L'organisme de formation fait autorité.

Celui-ci peut :

  • prendre des sanctions contre lui en cas de comportement posant problème ;
  • informer l'employeur des problèmes posés par le salarié stagiaire et des sanctions éventuellement prises contre lui.

L'employeur peut prendre une sanction disciplinaire motivée par le comportement fautif du salarié lors d'une formation se déroulant à l'extérieur.

Le salarié est-il obligé de suivre la formation ?

Dès lors qu'elle se déroule pendant son temps de travail, il ne peut refuser de suivre une formation dans le cadre du plan de formation. Son refus peut être qualifié de faute professionnelle.

Toutefois, l'employeur ne peut contraindre un salarié à suivre un bilan de compétences ni une validation des acquis de l'expérience devant un jury en vue d'obtenir tout ou partie d'un diplôme ou d'un titre professionnel. Le salarié peut donc valablement refuser de s'y soumettre.

Également, le refus du salarié de participer à des actions de formation de développement des compétences ou la dénonciation de son accord dans les 8 jours qui suivent ne peuvent être considérés ni comme une faute, ni comme un motif de licenciement.

L'absence du salarié est-elle tolérée ?

Le salarié qui suit une formation professionnelle a l'obligation d'y assister. L'absence injustifiée à une formation peut justifier un licenciement pour faute grave.

Que se passe-t-il en cas d'accident du salarié pendant sa formation ?

Pendant la durée de la formation, même pour les heures effectuées en dehors du temps de travail du salarié, celui-ci bénéficie de la législation de la Sécurité sociale relative à la protection en matière d'accidents du travail et de maladies professionnelles.

Les heures de formation effectuées hors temps de travail déclenchent-elles des heures supplémentaires ?

Non, tant que leur nombre ne dépasse pas les seuils maximums autorisés (cf. schéma), le salarié perçoit seulement une allocation de formation. Ces heures n'entrent donc pas dans le contingent d'heures supplémentaires. En revanche, les heures qui dépassent ces limites obéissent au régime des heures supplémentaires ou complémentaires.

Un accord de branche peut prévoir une majoration d'au moins 10 % de cette allocation pour le salarié qui engage des frais de garde d'enfant afin de suivre une action de formation.

L'employeur est-il tenu de reconnaître les compétences que le salarié a acquises au cours de sa formation ?

Lorsque la formation se déroule en tout ou partie en dehors du temps de travail, l'employeur doit préalablement s'engager, envers le salarié (à condition qu'il ait suivi avec assiduité sa formation), à lui permettre d'accéder en priorité, dans un délai de 1 an suivant sa formation, aux fonctions disponibles dans l'entreprise qui correspondent aux connaissances acquises. Le salarié bénéficiera ainsi de la classification correspondant à l'emploi nouvellement occupé. L'employeur doit également prendre des engagements sur les modalités de prise en compte des efforts accomplis par le salarié.

De façon générale, l'amélioration des compétences par la formation des salariés n'entraîne ni augmentation ni promotion. Même si la formation confère plus de compétences et/ou titre, diplôme ou certification, elle ne provoque pas forcément de changement de la situation du salarié.

De retour d'une formation, un salarié ne bénéficiera pas automatiquement :

  • d'une promotion ;
  • et/ou d'une augmentation ;
  • et/ou de l'accès à d'autres fonctions.

Ses nouvelles compétences ne peuvent entraîner la modification de son statut et/ou contrat de travail seulement s'il existe :

  • des dispositions explicites d'une convention ou d'un accord collectif sur ce point ;
  • des engagements précis et écrits de l'employeur à ce sujet.

Quelques conseils

1. Respectez les critères pour classer les formations dans la catégorie adaptation au poste de travail, évolution du poste ou développement des compétences

Pour déterminer la catégorie correspondante à l'action de formation choisie, vous devez vous référer aux objectifs fixés dans le plan de formation. S'agit-il de proposer une formation qui permettra au salarié de se maintenir sur son poste ou de faire face à une future évolution des missions et donc à la nécessité d'acquérir de nouvelles compétences (catégorie adaptation au poste, évolution du poste et maintien dans l'emploi) ou encore de développer des compétences en sus de celles requises sur le poste (développement des compétences) ?

Vous devez donc vous positionner et, en fonction des objectifs fixés, choisir la catégorie correspondante. Comme indiqué dans le schéma, le régime de l'action dépendra de la catégorie retenue.

2. Soyez attentif aux conditions imposées aux salariés que vous avez décidé d'inscrire à une formation !

Certaines contraintes imposées par la formation peuvent être assimilables à une modification du contrat de travail, notamment lorsque la formation est particulièrement longue, très éloignée, non prévue suffisamment à l'avance (demande de départ précipité), etc. Dans ce cas, le refus du salarié ne serait pas fautif et ne pourrait pas faire l'objet d'une sanction disciplinaire ni d'un licenciement.

Celui-ci serait considéré comme étant sans cause réelle et sérieuse.

Votre démarche ne doit pas révéler une volonté d'entraver l'exécution du mandat d'un représentant du personnel (7500 euros d'amende).

En outre, si un représentant du personnel venait à prendre acte de la rupture de son contrat aux torts de l'employeur qui lui a imposé une formation dont les conditions emportent modification de son contrat sans son accord, cette prise d'acte produirait les effets d'un licenciement nul, faute d'avoir respecté la procédure et d'en avoir demandé l'autorisation à l'inspection du travail compétente.

3. Si vous investissez dans une formation particulièrement onéreuse, pensez à la clause de dédit-formation

Par ce type de clause, votre salarié s'engage, en contrepartie de la formation que vous lui permettez de suivre, à rester à votre service pendant un certain délai.

Cette clause, qui ne peut être prévue que lorsque vous avez engagé des frais supérieurs à votre obligation légale ou conventionnelle, ne doit pas empêcher le salarié de démissionner mais l'expose, en cas de départ avant le terme fixé, au versement d'une indemnité (dont le montant doit cependant rester en rapport avec le montant des frais que vous avez engagés).

Attention toutefois, cette clause est interdite dans le cadre d'un contrat de professionnalisation.

4. Dans le cadre de votre obligation d'adaptation et de maintien de l'employabilité, veillez à faire bénéficier au fur et à mesure tous vos salariés du plan de formation

Vous devez non seulement assurer l'adaptation des salariés à leur poste de travail, mais aussi veiller au maintien de leur employabilité. Dès lors, vous manquez à votre obligation si vous ne faites pas bénéficier le salarié, dans le cadre du plan de formation de l'entreprise, d'une formation permettant de maintenir sa capacité à occuper un emploi au regard de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations. Vous êtes alors condamné à verser au salarié des dommages et intérêts. Peu importe en effet que le salarié n'ait à aucun moment pris l'initiative de demander une formation. Ce n'est pas parce qu'un salarié ne manifeste pas l'envie de suivre une formation qu'il ne pourra pas ensuite vous reprocher de ne lui en avoir jamais fait suivre une. Peu importe également que le salarié n'ait pas été confronté à une difficulté d'adaptation à son poste de travail. Le seul fait qu'un salarié reste des années sans formation suffit à vous mettre en tort. Attention, plus le salarié a d'ancienneté, plus son préjudice sera élevé.

Les textes officiels

  • C. trav., art. L. 6312-1 (accès à la formation), L. 6321-1 (obligation d'adaptation et maintien de l'employabilité), L. 6321-2 à L. 6321-16, D. 6321-1 à D. 6321-10 (actions de formation), L. 6325-15 (interdiction des clauses de dédit formation dans les contrats de professionnalisation)
  • Cass. soc., 5 juin 2013, n° 11-21.255 (le défaut de formation expose l'employeur au versement de dommages et intérêts)
  • Cass. soc., 20 mai 2015, n° 13-25.492 (le salarié qui obtient une nouvelle qualification suite à une formation ne peut, en application de sa convention collective, prétendre à un changement de poste que dans la limite des postes disponibles)
  • Cass. soc., 24 juin 2015, n° 13-28.460 (ne pas faire bénéficier un salarié d'une action de formation professionnelle pendant toute la durée de son emploi établit un manquement de l'employeur à son obligation de veiller au maintien de la capacité d'emploi du salarié)
  • Cass. soc., 24 septembre 2015, n° 14-10.410 (l'employeur manque à son obligation de maintien de l'employabilité lorsqu'un salarié ne bénéficie en 16 ans que d'un stage de formation continue d'un jour)

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